15 July 1791: problems of sovereignty at the doors of the Assembly

(…) …l’accès des Tuileries est constamment interdit au peuple ; des manoeuvres indécentes président à l’admission aux tribunes de l’Assemblée ; des personnes gagnées sont presque les seules qui puissent y pénétrer ; le lieu des séances est environné de gardes nombreuses qui, revêtant pour la plupart le ton et les manières des soldats du despotisme, présentent aux hommes réfléchis l’aspect de gardes prétoriennes à la dévotion d’un fourbe. Les Sociétés fraternelles se sont réunies et présentées à la porte de l’Assemblée pour faire une pétition à la barre ; en attendant la réponse du président, on a fait passer les femmes en dedans de la première barrière, à l’extérieur, et là, les gardes, les environnant, ont dirigé leurs baïonnettes sur ce faible troupeau comme s’il eût été composé de tigres qu’il fallût contenir et immoler. Vous jugez des cris des hommes outrés ; la cavalerie est arrivée et a fait cesser cette scène révoltante ; le président ayant répondu que l’Assemblée ne pouvait écouter la pétition en ce moment : “Retournez lui dire, reprit celui qui était à la tête des Sociétés, retournez lui dire que c’est une partie du Souverain qui demande à ses délégués d’être entendue”. Cette sommation ne valut rien autre que d’être renvoyée au lendemain matin. Le parti espérait fermer alors la discussion qui fut encore continuée. Les Sociétés vont se présenter ce matin ; d’autre part, il se fait un rassemblement au Champ de Mars ; mais Lafayette fait mettre toutes ses gardes sous les armes. Que peut faire une foule, sans moyens que sa douleur, contre une force armée qui suit aveuglément l’impulsion d’un homme ?

Mme Roland à Bancal, à Clermont, in Lettres de madame Roland : [1780-1793], publ. par Claude Perroud, vol. 2, Paris, l’Imprimerie nationale, 1902, p. 328.

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