22 April 1793: guillotine & currency rates

(…) On guillotine ici journellement des commandans, officiers, soldats, cuisinières, prieurs, etc., et la presse y est si forte que les dimanches ne font point vaquer l’instrument fatal. Je suis fâché du peu de civilité de nos messieurs dans leurs visites, car la continuité de supplices rend le séjour de Paris pénible et j’aimerois mieux être loin que près de pareils spectacles.

Je ne suis point étonné de l’augmentation du prix des ouvrages, denrées et journées de toute espèce. C’est toujours la comparaison du numéraire avec l’effet courant qui décide le vulgaire malgré les raisonnemens qu’on peut lui faire ; et outre qu’un louis est balancé par 50 à 55 livres d’assignats, la diminution des revenus fait que chacun se réduit à ce qui est indispensablement nécessaire, et pour le vêtement et pour le vivre, et l’ouvrier, ne trouvant pas à employer tout son temps, est forcé pour vivre de faire porter au temps employé tout celui où il ne fait rien. Cela est bien fâcheux ; mais le propriétaire se sauve et ne peut se sauver qu’à force de privations, et en faisant faire seulement ce dont il lui est impossible de pouvoir se passer. (…)

M. Fougeret à M. Lecoy de la Marche, dans Pierre de Vaissière, Lettres d’« aristocrates ». La Révolution racontée par des correspondances privées. 1789-1794 (Paris, 1907), p. 442.