22 June 1789: crisis & hopes for the dissolution of the States General
(…) La séance royale n’a pas lieu aujourd’hui. Les badauds de Paris, venus en foule, dans l’espérance de voir quelque chose, quoique personne ne dût y entrer, sont attrapés. Je ne sais qui a fait changer le Roi de résolution. Le Conseil est divisé.
Necker a les plus grands reproches à se faire ; il est l’auteur de tout le mal. Les affaires sont dans la plus violente crise. Paris est dans une grande fermentation ; il existe un parti redoutable qui conduit tout ; malheureusement le Roi n’a pas un ministre capable de le guider dans ce moment difficile. (…)
J’espérais que le Roi dissoudrait les États et proclamerait une nouvelle convocation ; mais il paraît que ce n’est point le plan. Nous avons assemblée à onze heures, chez le duc de Luxembourg. J’attendrai que j’aie appris quelque chose, avant de fermer ma lettre.
La séance royale est fixée à demain. Le comte de Lambertye et le prince de Poix, capitaine des gardes du corps, se sont battus ce matin à l’épée. (…) L’affaire faisait beaucoup de bruit ; le prince de Poix ne pouvait se dispenser de se battre.
Le Conseil est occupé d’un projet de conciliation pour les Ordres de la Noblesse et du Tiers. Je souhaite que nous ayons le bon esprit de nous prêter à ce qui sera raisonnable, mais je crains beaucoup que l’obstination et l’esprit de parti ne l’emportent. (…)
Marquis de Ferrières à Mme de Ferrières, dans Marquis de Ferrières, Correspondance inédite 1789, 1790, 1791, publiée et annotée par Henri Carré (Paris : Librairie Armand Colin, 1932), p. 72-74.